Monday, November 26, 2012

Karine Barrass: artiste des cinq sens

La passion dans tous les sens
Si j’avais à choisir une “poster girl” pour ma chronique Passions: 100 façons, j’opterais pour Karine Barrass, une artiste qui a su créer des ateliers pour aider les jeunes à se connecter avec ce qu’ils aiment en explorant ce qu’ils ont de plus personnel: leurs cinq sens.

J’ai connu Karine Barrass il y a plusieurs années dans le contexte du bénévolat de parents de l’école Gabrielle-Roy. J’accompagnais l’artiste Paul Walty dans ses ateliers d’animation. Karine donnait gracieusement des ateliers de photographie à toutes les classes de l’école. Nous avions ensuite organisé une soirée commune de “première” mettant en vedette photos et courts films d’animation des jeunes artistes.

Déjà à cette époque, lorsque la photographe parlait de l’enthousiasme des enfants qui se découvraient “un oeil” pour la photo, elle plissait les yeux en repensant à leur joie et ronronnait de satisfaction. 

Je ne réalisais pas que j’assistais à la naissance d’un projet allumé qui impliquerait les 5 sens: l’odorat, l’ouïe, le goût, le toucher et la vue.

Suivre son nez
Un des ateliers les plus originaux qu’elle donne initie les enfants à la parfumerie. Il se trouve que Karine est parfumeur diplômée d’une des écoles de Grasse, la capitale mondiale de la parfumerie!

Je savais que Karine avait “du nez”. Lors d’une rencontre de parents bénévoles dans un café local, elle nous racontait à quel point l’odorat était important pour elle. Toute petite, il lui fallait continuellement sentir les aliments avant de les goûter, ce qui lui a valu le surnom de “la souris”.

S’ennuyant de sa mère outremer, elle lui a un jour demandé de lui envoyer un objet personnel qu’elle pourrait sentir. Sa mère s’est exécutée. Puis Karine nous a dit que depuis, quand sa mère lui manque, elle sort d’une boîte les dents de sa mère pour les sentir...

À ma défense, le café était bruyant et la soirée arrosée d’alcool. Bref, j’ai fini par comprendre qu’il ne s’agissait pas des “dents” de sa mère mais bien de ses “gants” de cuir souple. Fiou!

Tout ça pour dire que Karine est passionnée des odeurs et qu’elle a choisi de se payer un cours de parfumerie à Grasse. Elle a suivi son nez, pas pour en faire une carrière, mais pour vivre pleinement son plaisir.



















À l’écoute de soi et des autres
L’an dernier, alors que Jocelyne Auger, la directrice de la Mosaïque, me faisait faire une petite tournée de l’école, j’ai retrouvé Karine en plein atelier dans une classe, si absorbée dans sa conversation avec les enfants qu’elle n’a même pas réalisé que nous étions entrées. 

Ils parlaient des souvenirs rattachés aux odeurs, ce que l’artiste appelle les chemins olfatiques de la mémoire et ce qui constitue un des volets les plus importants de ce genre d’ateliers. (Apparemment, il faut parler de nos vies pour se créer un parfum qui nous est propre!) Quand on parle de choses personnelles en groupe, on en apprend un peu plus sur chacun et ça resserre les liens.

C’est une des raisons pour lesquelles des organismes professionnels requiert aussi les services de Karine pour offrir ce type d’activité à leurs employés. 

Un hobby qui donne le goût
Le volet “goût” s’est ajouté par hasard. Lorsqu’elle travaillait pour les chambres de commerce, Karine était en contact avec des chefs cuisiniers qui l’ont initiée aux “semaines du goût” en France, qui sont devenues sa nouvelle passion à chaque fois qu’elle retournait en Europe. 

Encore une fois, elle s’éduquait sur un sujet qui l’intéressait, sans agenda autre que la culture personnelle. Il faut dire qu’elle avait déjà un grand intérêt pour la cuisine, développé entre autre grâce à une grand-mère qui “vivait ses recettes”.

Des ateliers touche-à-tout
Éventuellement, ne travaillant que quatre jours semaine dans l’organisation d’événements pour la Franco-Fête, elle a eu l’envie d’utiliser ses vendredis libres pour donner des ateliers de photo dans l’école de ses enfants.

Voyant combien elle attendait ses vendredis de bénévolat avec impatience, elle a décidé de chercher à travailler plus activement avec les enfants. Un poste d’animatrice culturelle s’est ouvert dans le conseil scolaire Via Monde, qu’elle a décroché. Y’a pas de hasards.

Constatant combien les styles d’apprentissages des enfants étaient variés, l’artiste a eu envie de pousser plus loin l’exploration des sens. Elle a mis au point des ateliers de peinture gustative dans lesquels les enfants créaient de beaux tableaux colorés avec des fruits et des légumes... qu’ils mangeaient ensuite (après avoir pris le temps de bien les photographier). Elle a conçu des ateliers de langage corporel, de musique. 



Puis elle a lancé sa compagnie K’rine l’Art aux cinq sens afin d’élargir sa clientèle. Elle offre maintenant ses services aux deux conseils scolaires francophones, ainsi qu’à d’autres organismes et institutions privées. Elle tisse des collaborations avec d’autres artistes en art visuel et en théâtre et compte élargir sa portée afin de rassembler encore plus de gens autour de l’art. 

L’artiste voit plus loin
De la même façon que les gens se développent de plus en plus un goût pour les spectacles de maison, il semblerait qu’ils ont envie de vivre des expériences variées dans l’intimité de leur salon. (La semaine dernière, une jeune femme dans la trentaine me disait justement qu’elle et ses copines se faisaient une soirée de “krafts & wine” chez l’une d’elles.)

Karine se propose de créer des “soirées des 5 sens” pour les groupes de cinq à dix adultes. Une façon de faire quelque chose de différent chez soi, avec ses amis, dans un cadre ludique. Elle entrevoit des soirées de création de parfum, des soirées de création/dégustation. Elle imagine des soirées d’image impliquant une table tournante en peinture, des shoots de photos et des changements d’activités à toutes les 10 minutes. Êtes-vous aussi intrigués que je le suis?

Ses services inclueront le coût du matériel. À titre d’exemple, il en coûtera environ $150 par personne (cinq personnes minimum) pour une soirée de création de parfum, l’atelier requiérant le matériel le plus dispendieux. Au terme de la soirée, les participantes repartiront avec un joli flacon contenant 50 ml de parfum de qualité reflétant leur histoire personnelle... qu’elles n’auront qu’à ouvrir pour se rappeler une soirée mémorable entre copines.

À suivre sur son site web K’rine l’Art aux cinq sens.

Monday, November 19, 2012

Isabelle Champigny au IMATS: maquilleuse professionnelle

IMATS: Pour les purs et durs
Ma fille et moi nous maquillons très peu, mais nous sommes des cinéphiles avec un fort penchant pour la science fiction. De plus, dans notre famille, père et fille partagent de beaux moments de qualité... en dévorant The Walking Dead, l'émission de zombies diffusée le dimanche soir. Tout ça pour dire que dimanche dernier, nous étions particulièrement motivés à aller encourager une amie sélectionnée pour participer à la compétition sur le thème des extraterrestres de Men in Black, dans le cadre de IMATS.

Maintenant que j'y suis allée, je sais que le rendez-vous annuel des Torontois passionnés purs et durs du maquillage est le IMATS (International Make-up Artists Trade Show), présenté chaque novembre. Un monde en soi! 

Initiative du magazine Make-Up Artist
Le magazine américain de l'industrie Make-Up Artist est l'organisateur de l'événement professionnel IMATS, ouvert au public et présenté chaque année dans six grandes villes: Londre, New York, Los Angeles, Vancouver, Toronto et Sidney, en Australie. 

Durant le salon, j'ai pu admirer le contenu solide de l'excellent magazine Make-UP Artist ($30 pour un abonnement de six parutions annuelles). Chaque édition foisonne d'articles intéressants sur le travail des artistes derrière les maquillages des films et séries télévisées de l'heure, de profils de créateurs, ainsi que des nouvelles sur les dernières tendances de la mode. 


Des aubaines sur place
À l'image du magazine, le maquillage de cinéma est en vedette à IMATS, sans toutefois négliger les produits permettant tous ces looks léchés qu'on admire dans les magazines glamour. C'est pourquoi des centaines de jeunes femmes (et très peu d'hommes) affluent à ce salon malgré le coût d'entrée élevé allant de $30 à $50 par jour, selon qu'on achète son billet en ligne plus d'un mois à l'avance, ou à la porte.  

Les connaisseures affirment que les aubaines qu'elles font sur l'achat de leurs produits favoris (des dizaines d'exposants vendent leur marchandise) compensent largement le coût d'entrée. De fait, une petite recherche en ligne m'a confirmé que des faux-cils en vison offerts au salon à $20, incluant l'application, se vendent normalement entre $80 à $160! 

Des créations sous nos yeux
IMATS est une occasion unique de voir des artistes émergents à l'oeuvre grâce à ses compétitions internationales. Sous leurs mains naissent des êtres fabuleux ou effrayants, selon qu'ils participent à la compétition Beauté/Fantaisie ou à celle des Créatures/Prothèses, chaque année sur un thème différent. 

Les artistes désirant participer doivent soumettre leur porte-folio à IMATS, qui se réserve le droit de sélectionner 8 finalistes par compétition. Peu de participants sont invités à participer aux deux compétitions mais c'était le cas de la francophone Torontoise d'origine Isabelle Champigny, derrière laquelle notre petit fan club se ralliait pour l'occasion.

La veille, Isabelle avait conçu en deux heures une femme-chat pour la compétition Beauté/fantaisie sur le thème du règne des animaux. Lors de notre visite, elle avait trois heures pour exécuter une création ambitieuse pour la compétition sur le thème extraterrestre, faite de prothèses de latex et de maquillage savamment appliqué à l'éponge, au pinceau et au "air-brush". Dans les deux cas, Kaleigh Wilson, sa complice et collègue artiste, servait de modèle. Un long processus qu'on avait plaisir à voir évoluer entre deux saucettes du côté des exposants. (L'article continue plus bas)



























Y'a de l'action!
Il n'y a pas que sur la scène qu'on pouvait voir des artistes à l'oeuvre. Un peu partout, les exposants offraient des démonstrations. Ici, on créait une Dorothée zombie du Magicien d'Oz; là, un personnage inspiré de Tommy, l'opéra rock des années 70. 

Partout, des produits de toute sorte sollicitent les amateurs. Des centaines de brosses, des adhésifs, des nettoyants, des ombres à paupières, du maquillage de corps, des faux-cils de toutes les formes, des verres de contact de toutes les couleurs. Au fur et à mesure que la journée avance, on remarque d'ailleurs des clientes s'étant prêtées aux démonstrations. 


Mon grand coup de coeur: les stencils Bad Ass, de la compagnie iStencils, pour des créations flyées au air-brush. (Si seulement j'avais connu ces produits quand je m'impliquais dans les fêtes d'écoles de mes enfants!) (L'article continue plus bas.)









































On continue pareil!
Quand les noms des gagnants de la compétition ont été révélés, nous avons eu la surprise d'apprendre qu'aucun de nos artistes préférés (dont Isabelle Champigny avec sa création élaborée) n'avait remporté la palme! Oh well, encore une fois, la logique des jugements de compétitions artistiques échappe aux amateurs. Mais ça n'empêche pas d'apprécier la créativité de tous ces finalistes.

Au lendemain de la compétition, une fois la déception absorbée, notre protégée (qui avait remporté la 3e place dans la compétition Beauty/Fantasy du IMATS Vancouver 2011) était déjà prête à se préparer pour la prochaine compétition: la marque d'une vraie passionnée.

Pour terminer, voici quelques "before and after" et quelques photos des gagnants du IMATS 2012.
(Merci à Carolyne Champigny pour plusieurs des photos dont les deux dernières, ainsi que celles d'Isabelle et la femme-chat et celle de l'oeuvre finale de l'extraterrestre.)

À propos du blog Passions: 100 façons




































Thursday, November 15, 2012

Média sociaux: un cas amusant de boucle bouclée

La boucle est bouclée
Au lendemain de l'Halloween, en revenant du bureau mon mari me lance : "Nathalie, devine ce que Shoppers Drug Mart vient de décider!"

Il me donne quelques indices dont celui que j'allais être ravie de leur décision, qui m'a mise sur la bonne piste. Suite aux plaintes des clients, Shoppers a choisi d'enlever la musique de Noël que toutes les succursales avaient commencé à diffuser aussitôt l'Halloween passé.


Comme bien des gens, ça m'horripile que les commerces m'imposent de plus en plus tôt des fêtes avant leur temps. J'ai donc voulu faire du renforcement positif: je suis allée sur la page Facebook de Shoppers Drug Mart et j'ai cliqué "Like". Je leur ai même laissé un commentaire comique pour les féliciter.

La boucle est bouclée
Aujourd'hui, je reçois un courriel de mon chum qui démontre la magie des média sociaux.

Mon mari a appris la nouvelle de l'initiative en ligne. Il me l'a transmise. J'ai réagi sur Facebook. Un journaliste de CNN, qui faisait un article sur l'initiative de Shoppers Drug Mart, est allé voir du côté de leur page Facebook. Il a cité mon commentaire dans son article, qui a été publié sur le site de CNN.

Un Torontois, posté en Haiti pour quelques temps, est allé sur le site de CNN pour prendre des nouvelles locales. Il a vu ma citation. A laissé un commentaire à cet effet sur la page LinkedIn de mon mari. Qui a fait une recherche sur google pour trouver le lien de l'article. Qu'il m'a envoyé par courriel et sur lequel j'écris maintenant un blogue. Que j'afficherai ensuite sur Facebook.

Site web => bouche-à-oreille => Facebook => site web => LinkedIN => courriel => Blogspot => Facebook.

Je commence juste à m'habituer...

(Image empruntée au blogue Maximum performance de Max Ivanoff, dans son article The Financial Gifts of Christmas)

Sunday, November 11, 2012

Pascal Paquette: graffiteur

Mur-à-mur
Des tags hideux sur la boîte aux lettres de mon quartier à la superbe explosion de couleurs du graffiteur Pascal Paquette exposée à la Galerie Glendon (prolongée jusqu'au dimanche 9 décembre), il y a un monde. 
Le monde des graffiti. 

Je parlais dans mon article Belle talle d’art public de la murale Suitman ornant un viaduct juste à l’ouest de l’avenue Lansdowne. 

Cette oeuvre de Joel Richardson, d’abord commissionnée par la Ville de Toronto, a été effacée par l’administration Ford dans sa guerre contre les graffiti... pour ensuite être refaite, quand l’artiste a obtenu de la Ville la permission de l’exécuter à nouveau. Manifestement, la confusion reigne quand à l’interprétation de ce qui constitue l’art ou le vandalisme quand il est question de graffiti. 

J’ai donc pensé qu’il serait approprié de demander à Pascal Paquette, rencontré par L'Express il y a deux semaines, de m’aider à comprendre les dessous de cet art qui couvre les murs de ma ville.

Tag!
Il existe une sorte de code de conduite auquel la majorité des graffiteurs tentent d’adhérer. En principe, on ne peint ni sur les lieux religieux, ni sur les écoles ni sur les maisons privées. 

Puis, on ne peint par dessus la création d’un collègue qu’avec une oeuvre demandant une maîtrise supérieure de l’art du graffiti.

Le tag, signature peinte en une couleur, est la forme la plus simple du graffiti, le b.a.-ba de l’art. Par dessus un tag, on peut dessiner un “throw-up” (les grosses lettres en bulles) plus demandant techniquement. Celui-ci pourra être supplanté par une “piece” (une mini murale qu’on retrouve avec d’autres pieces sur un mur). Une production, que le grand public considère comme une vraie murale, a le droit de tout  recouvrir. (Les productions sont habituellement l’oeuvre des “kings” graffiteurs, reconnus comme des maîtres dans leur communauté.)

Tout au long de son évolution, l’artiste conserve sa signature. Par exemple, même s’il est maintenant exposé dans les galeries, Pascal Paquette admet qu’il continue de laisser des tags dans la ville. 

Le “branding” étant vraiment à la mode dans la société d’aujourd’hui, on comprend la motivation derrière cette pratique. Mais pour un graffiteur exposant légalement en galerie, les enjeux sont autres: il s’agit de signifier aux autres artistes, par ces actes illégaux, qu’il est encore “dans la game”.

C’est du sport
Pascal fait souvent référence au “sport” du graffiti. On ne parle pas ici que de la difficulté physique d’exécuter une oeuvre à la bombonne, à moitié suspendu à partir du toit pour couvrir le mur d’un troisième étage. Pensez plutôt au rush d’adrénaline quand un artiste réalise qu’un hélicoptère de la Police de Toronto tourne au dessus de sa tête pendant qu’il peint sur les murets le long des voies ferrées. Imaginez les plongeons sous des camions pour éviter les autorités; les sauts de 15 pieds et les courses folles pour s’enfuir là où les voitures ne peuvent suivre...  

Les graffiteurs dessinant sur les lieux publics sont passibles de quatre chefs d’accusation: empiétement sur la propriété privée, méfaits, vandalisme, résistance aux policiers. Dans ce sens, l’emplacement illégal du graffiti est une partie importante de l’art.

Le temps requis d’exécution ajoute également au risque. C’est pourquoi des graffiteurs chevronnés se sont mis à utiliser des stencils pour aller plus vite. Banksy est probablement le graffiteur le plus connu (et le plus controversé dans les deux camps, chez le grand public autant que parmi la communauté des graffiteurs).

Les puristes disent que Banksy “triche” en courant moins de risque sur le terrain. Peut-être, mais je suis bien contente qu’il ait trouvé une façon plus sûre de réaliser ses oeuvres sans interruption. La lecture du blogue 80+ beautiful street crimes done by Banksy sur le site boredpanda.com m’a convaincue du génie de cet artiste pour insuffler de la vie dans les espace publics. Sous ses mains habiles, les histoires jaillissent des fissures dans les murs et des craques sur le sol. 

C’est d’ailleurs par le stencil que Pascal Paquette s’est fait connaitre dans la communauté des graffiteurs. Ayant eu vent qu’un inspecteur, Heinz Kuck, montait des dossiers sur les graffiteurs de Toronto pour éventuellement “irradier” les graffiti, l’artiste s’est mis à peindre le nom de Heinz Kuck au stencil dans toute la ville. Un peu comme si Kuck lui-même laissait des tags un peu partout. 

Un “sellout”?
Pour les besoins de l’exposition, Pascal Paquette a dessiné (dans son studio) ses grandes pièces sur du canevas, qu’il a ensuite montées sur les murs de la galerie Glendon avec une série de petites toiles peintes liant le tout en courtepointe.

Quand un graffiti sort de la rue pour se retrouver dans un espace légal comme la galerie Glendon, perd-il son sens? Certainement pas, affirmera Pascal Paquette (qui s’est amusé à imprimer des T-shirt arborant le mot “Sellout” qu’il a intégré dans son exposition).

Au delà de la bravade, il y a la maîtrise d’un art: la technique du style, l’agencement des couleurs, la qualité du dessin et l’intelligence du message. (Ce n’est pas par hasard que le noir des pingoins de Pascal dégouline sur leur fourrure blanche: il semblerait que les pingoins d’aujour’dhui sont de plus en plus noirs, pour mieux se camoufler dans un environnement de moins en moins enneigé.)

Les graffiti, quand ils s’éclatent, habillent les coins les plus laids de la grisaille urbaine et font réfléchir, souvent avec humour. Pas étonnant que le grand public se soit développé un goût pour un peu plus de ce bouillonnement coloré dans le quotidien. (J’étais récemment en meeting dans les beaux locaux de Corus Entertainment, dans une salle de réunion arborant une large “piece” de graffiti et un plein mur noir sur lequel on pouvait s’éclater avec des craies.)







Prochaine étape?
Tandis que certains s’accrochent à une définition puriste de cet art et consacrent leur temps à pointer du doigt ceux qui ont “vendu leur âme” en faisant sortir les graffiti de la rue, d’autres sont occupés à le faire évoluer.

On voit maintenant des artistes faire du “reverse graffiti”, où le torchon remplace les bombonnes pour laisser un dessin dans la crasse des murs, et des graffiti au laser, permettant d’écrire sur un pan de mur complet sans grimper. (On ne peut plus accuser les graffiteurs de vandalisme...)

Et les accros de l’adrénaline n’ont pas dit leur dernier mot. Vous avez entendu parler du “roof topping”? Les photographes adeptes de cette dernière tendance se faufilent illégalement dans les gratte-ciels, vêtus d’habits de la construction ou d’agents de sécurité, pour aller prendre des photos uniques du toit des édifices.  

Exposition du graffiteur Pascal Paquette
Où: Galerie Glendon, 2275 Bayview Avenue (au fond du campus)
Quand: Jusqu’au 9 décembre, du mardi au vendredi de midi à 15h et le samedi de 13h à 16h. Exceptionnellement également le dimanche 9 decembre de 13h à 16h.